Bien-être animal Des vidéos qui ne passent pas
Après la nouvelle vidéo de l’association L214 sur deux élevages de porcs du Finistère qui livrent à la société Hénaff, la profession dénonce une entreprise de démolition de l’élevage.
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Hier, l’association abolitionniste L214, connue pour ses vidéos de dénonciation d’abattoirs ou d’élevages, a mis en ligne un montage choc sur deux élevages de porcs du Finistère qui livrent à la société Hénaff, connue pour sa petite boîte bleue de pâté. « Ce montage d’images, véhiculé sur internet, me choque, réagit André Sergent (1), éleveur de porcs et de vaches laitières dans le Pays bigouden, pays où est installée l’entreprise Hénaff. Il ne reflète pas la réalité de nos élevages, ni la réalité des deux élevages filmés. »
« Cela ne fonctionne pas comme cela »
« Je connais ces éleveurs, poursuit-il. Cela ne fonctionne pas comme cela. Si ces images étaient le reflet de leur réalité quotidienne, nous ne pourrions pas les cautionner. Les services de la préfecture ont débarqué aussitôt dans ces élevages. Ils n’ont relevé, semble-t-il, qu’une anomalie mineure chez l’un et deux chez l’autre. Chez personne, tout est parfait. Il arrive qu’il y ait des accidents d’élevage, que certains animaux soient euthanasiés. Imaginez aussi combien cela pèse sur ces éleveurs. »
« Et on s’interroge : L214 dit avoir obtenu ces images auprès de personnes “habilitées”. Qui est habilité à venir dans les élevages ? interroge André Sergent. Ces deux éleveurs ont été ciblés parce que l’entreprise Hénaff dit être “transparente” et donne l’adresse de ses producteurs. En plus, en appuyant leur vidéo-montage sur cette marque connue, cela choque encore plus le consommateur. L214 induit des consommateurs en erreur. »
« Nous respectons les normes »
« Nous n’allons pas rester les bras ballants, assure-t-il. Nos conseillers juridiques sont sur le dossier. Ensuite, si la profession doit se reprocher quelque chose, nous y remédierons. C’est l’intérêt des éleveurs et de la filière. Nous respectons les normes. Ces normes semblent parfois remises en cause. Si les consommateurs aspirent à autre chose sur certains marchés, nous y répondrons. Mais tout le monde ne peut pas forcément du bio ou du plein air. »
Guillaume Roué, également éleveur dans le Finistère et président d’Inaporc, rappelle qu’il s’agit « d’images volées, avec un effet billard en s’appuyant sur le nom d’une entreprise connue pour la qualité de ses produits. Un élevage, c’est la naissance, la vie et la mort. Avec un pourcentage de pertes. Les éleveurs travaillent pour que tout se passe bien. Ici l’angle choisi par ceux qui filment, est de les prendre en défaut, de guetter l’accident. N’oublions pas que cette association milite pour l’alimentation végétarienne. Nous ne voulons pas entrer dans la polémique. Inaporc veut rétablir la confiance des consommateurs, parfois éloignés de la réalité des élevages. »
« Manipulation de l’opinion publique »
Les organisations de producteurs bretonnes de porcs fédérés à l’UGPVB condamnent aussi « les méthodes de manipulation de l’opinion publique employées par L214 qui reposent sur l’exploitation de l’émotion que crée le traitement d’image et la mise en scène ». L’UGPVB estime que « les éleveuses et éleveurs sont choqués par ces méthodes de propagande qui visent à les salir et à atteindre leur fierté ».
L’UGPVB dénonce l’objet même de l’association L214 : détruire l’agroalimentaire, ses emplois, des femmes et des hommes qui, ancrés au pays, travaillent au quotidien pour la prospérité de la région, pour la promotion d’un élevage durable, pour l’harmonie du territoire.
Marie-Gabrielle Miossec
(1) André Sergent est aussi président de la chambre d’agriculture du Finistère.
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